Il est devenu une sorte de porte-étendard pour la cause de l'immigration dans la ville de Québec.Mohamed El Khayat est Marocain. Il est arrivé à Québec en août 1987 après avoir vécu trois ans avec une Québécoise en Espagne où il poursuivait ses études en informatique, alors qu'elle se spécialisait en littérature espagnole. Le couple a deux enfants, une fille et un garçon.Mohamed El Khayat est maintenant vice-président et directeur général de l'entreprise qu'il a fondée, Informatique EBR. Il y a un an, EBR a décroché le contrat de la réalisation de l'intranet du Conseil du trésor, devant des firmes comme IBM, Oracle et Microsoft ! Soixante-douze personnes travaillent dans l'entreprise et 15 % sont des immigrants. "Québec, c'est chez moi, dit-il.
"À mon premier voyage, en 1986, je n'ai pas aimé la ville. C'était beau, les maisons étaient jolies, il y avait des fleurs et tout, mais personne dans les rues, c'était trop calme. Mais il y avait les grands espaces. J'ai raconté ça à mon père et il m'a dit : quand il y a de l'espace, c'est qu'il y a de la place. Maintenant, je n'aime plus fréquenter les souks trop achalandés du Maroc."
Aujourd'hui, il est inquiet. Les résultats d'un sondage SOM réalisé pour le compte du quotidien Le Soleil révèlent que 75 % des Québécois (résidants de la ville de Québec) estiment qu'il y a trop ou assez d'immigrants. Pourtant, Québec est une des villes canadiennes qui attirent le moins d'immigrants tout en affichant un taux de natalité très bas.
"Qui va payer les retraites ? Le gouvernement va prendre de moins en moins de place, et quand les entreprises vont manquer de main-d'oeuvre, elles vont déménager." À ce rythme, avance-t-il, Québec ne passera pas le test de la mondialisation. La ville restera "un très beau village", si elle ne prend pas le virage de l'immigration.
Il s'explique mal la situation. "Québec, c'est la plus belle ville d'Amérique et c'est le meilleur endroit pour élever des enfants. J'ai un bureau à Montréal, mais je ne déménagerai pas. La qualité de vie est meilleure ici."
Mohamed El Khayat refuse de parler de racisme ou de xénophobie. Il évoque plutôt l'ignorance, les préjugés ou la peur de la différence. "La ville affiche encore un visage blanc, catholique et francophone, comme si les gens de Québec étaient dépositaires de cette culture. Les immigrants ne sont pas préparés à cette réalité. Ils viennent de prendre la décision la plus difficile de leur vie, se déraciner, et ils cherchent une façon de se retrouver."
Montréal possède une "masse critique" d'immigrants. Et pour ceux qui arrivent, explique-t-il, c'est rassurant. Il y a toujours "un cousin ou une cousine" pour expliquer la réalité québécoise. Cette masse critique n'existe pas à Québec.
"Les nouveaux arrivants ont besoin de repères pour savoir comment ça fonctionne ici. Moi, j'ai eu la chance d'être parrainé par mon épouse." Il faut que les programmes gouvernementaux "s'adaptent" à cette réalité. Ils ne peuvent pas être les mêmes à Montréal et à Québec.
Bon an mal an, 300 immigrants obtiennent un diplôme de l'Université Laval. "Ça coûte 500 000 $ pour mener un enfant du berceau à la maîtrise. Si on parvenait à garder 200 de ces diplômés ici, on se ferait, chaque année, un cadeau de 100 M$ !"
Le secret, c'est le travail. " S'ils ont la possibilité de travailler, ils resteront." Et dans son esprit, ils peuvent grandement aider Québec à prendre le virage de la mondialisation. Ils parlent trois langues - la leur, le français et l'anglais - ils connaissent la planète... et ils n'ont pas peur de foncer.
Source : r2000.qc.ca
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