vendredi 6 juillet 2007

Des infirmières dénoncent l'examen de l'Ordre

Excédées de voir partir des candidats prometteurs en pleine pénurie de personnel, une trentaine d'infirmières de l'hôpital Jean-Talon dénoncent la difficulté de l'examen de l'Ordre des infirmières du Québec, mal adapté à la réalité, selon elles.

Elles viennent de perdre un collègue - un de plus - qui a échoué à l'examen. Hicham Azeddioui, un infirmier marocain qui compte neuf ans d'expérience, travaillait comme candidat à la profession depuis un an.

«Nous en avons ras le bol. Nous en avons vu passer plusieurs dans la même situation, des personnes qui ont échoué même si elles étaient très compétentes. Pendant ce temps, nous en voyons d'autres qui passent l'examen de l'Ordre, mais que nous trouvons dangereuses. Il y a un décalage», dénonce Diane Thiffault, infirmière en chef adjointe à l'hôpital Jean-Talon et porte-parole du groupe.

Au total, 36 membres du personnel infirmier de l'hôpital ont signé une lettre qui a été envoyée à l'Ordre des infirmiers et infirmières du Québec (OIIQ) et au ministre de la Santé, Philippe Couillard.

Il faut revoir l'évaluation, sans quoi une crise sans précédent se prépare dans le réseau de la santé, écrivent-elles. «Les mises en situation sont très subjectives et très stressantes. Cette forme d'examen doit être révisée. Nous suggérons de retourner à l'examen théorique accompagné de parrainage.»

Comme plusieurs, Hicham Azeddioui a dû suivre une formation de neuf mois en soins infirmiers pour obtenir une équivalence de diplôme. Pour avoir son permis, il devait ensuite passer l'examen de l'OIIQ.

En attendant, il a travaillé comme candidat à la profession dans une unité de médecine et de pneumologie de l'hôpital Jean-Talon. Ses collègues vantent sa compétence et son expertise.

«Je suis vraiment surpris. J'étais très fonctionnel à l'hôpital. J'ai vécu des situations stressantes avec de vrais patients et j'ai su tirer profit de mon savoir-faire», a-t-il expliqué à La Presse.

Après un premier échec, il a même profité de l'aide qu'offre l'hôpital - comme plusieurs autres établissements - pour mieux se préparer à l'examen. Il a fait neuf simulations, semblables à celles demandées à l'examen. Tout s'est bien passé.

Malgré tout, M. Azeddioui a échoué une troisième fois. Il ne peut plus travailler comme infirmier.

Les candidats diplômés à l'étranger ont parfois plus de difficulté, reconnaît-on à l'OIIQ. Entre février 2002 et septembre 2006, le taux de réussite des diplômés hors Québec à l'examen de l'Ordre était de 87,9% après trois essais. Chez les diplômés québécois, le taux de réussite se situe autour de 97% après trois essais.

«Même si on fait une mise à niveau, c'est parfois plus difficile pour les infirmiers qui viennent de l'étranger. Les études montrent que les difficultés concernent surtout la capacité de l'infirmière à prendre des décisions», explique la présidente de l'OIIQ, Ghyslaine Desrosiers.

La technologie et les responsabilités de l'infirmière ne sont pas toujours les mêmes au Québec qu'ailleurs, précise-t-elle.

Les collègues de M. Azeddioui se demandent pour leur part si les candidats diplômés à l'étranger ne sont pas pénalisés.

«En soins infirmiers, de nombreuses personnes qui arrivent de l'étranger sont refusées, constate Diane Thiffault. On se demande parfois si c'est parce que l'Ordre ne préfère pas qu'elles refassent un cours complet de trois ans plutôt qu'une mise à niveau.»

Par Pascale Breton

Source : cyberpresse.ca

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