dimanche 24 juin 2007

Deux candidats malheureux à l'immigration poursuivent le gouvernement : Le Québec, un état raciste

Le dossier d'un immigrant du Maghreb est traité en 72 mois tandis que celui d'un Français l'est en quatre mois à peine.

Deux Marocains, dont la demande d'immigrer au Québec a été refusée en août et septembre 2002, accusent les autorités politiques québécoises de faire preuve de racisme en allouant moins de ressources à l'étude des dossiers en provenance du Maghreb qu'à ceux provenant notamment de la France et de la Roumanie. Ils estiment que le délai encouru leur a été fatal.

Cette pratique supposée aurait fait en sorte qu'au moment où les demandes de Khadja Goumbarak et Mohamed Tayouri ont été étudiées, leur qualification professionnelle n'apparaissait plus sur la liste prioritaire du ministère. Ils estiment que s'ils avaient été Français ou Roumains, avec les mêmes qualifications, leur demande d'immigration aurait été étudiée avec célérité et aurait eu des chances d'être agréée.

Pour étayer cette thèse, l'avocate des deux Marocains a demandé hier à la Cour supérieure de l'autoriser à consulter des documents ministériels et du Conseil exécutif de l'automne 2002, où il est question des orientations québécoises en matière d'immigration.


Les documents visés ont servi de base à des discussions au conseil des ministres et certains ont été signés par Rémy Trudel et André Boulerice, qui étaient alors respectivement ministre et ministre délégué des Relations avec les citoyens et de l'Immigration.


Même si la représentante du procureur général du Québec s'est opposée, pour des questions de sécurité et confidentialité, à cette demande de documents parce qu'ils font partie du processus décisionnel du gouvernement, le juge Jean Frappier a autorisé l'avocate des deux Marocains à parcourir les documents en question pour mieux préparer sa cause.


Selon un document émanant du ministère, en 2003, les délais moyens de traitement des demandes provenant du Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie) sont de 60 à 72 mois, comparativement à trois à quatre mois pour ceux de Paris.


L'avocate des deux Marocains, Sophie Patricia Guerrero, attribue cette différence dans la rapidité de traitement des dossiers aux budgets octroyés pour le faire.


«Pour une immigration de candidats francophones d'Afrique de l'Ouest ou du Maghreb, les objectifs sont réduits au maximum afin que le moins de candidats possible soient acceptés. Pour une immigration blanche, les budgets octroyés sont considérables et permettent aux candidats de ne subir aucune attente et d'être acceptés avec entrevue en trois à quatre mois, et ce, par milliers», fait-elle valoir.


Me Guerrero considère que c'est un cas de deux poids, deux mesures et que la seule différence entre un Roumain, un Français et un Africain, puisqu'ils sont soumis à la même grille de sélection, est leur origine ethnique. D'où sa conviction qu'il y a discrimination raciale.


Si le procureur général du Québec ne va pas en appel, cette cause devrait être entendue sur le fond en avril à la Cour supérieure.


Source : Rolland Parent
Presse Canadienne

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