Le gouvernement fédéral compte accueillir en 2007 entre 250 000 et 265 000 nouveaux résidents permanents. Le relèvement du niveau d'immigration est principalement lié aux pénuries de main-d'oeuvre prévues dans le contexte du vieillissement de la population.
Des recherches menées récemment montrent toutefois que les immigrants font face à des obstacles importants lorsqu'ils cherchent un emploi correspondant à leur expérience et à leur formation.
«Trop de cuisiniers gâtent la sauce», on pourrait résumer ainsi le problème. La multiplicité des intervenants cherchant à améliorer les perspectives d'emploi des immigrants qualifiés a pour effet de compliquer l'élaboration et la mise en place de politiques appropriées. De même, la discontinuité des champs de responsabilité et d'imputabilité entre les ministères fédéraux et provinciaux suscite des difficultés de coordination à tous les paliers de juridiction. Bref, la confusion règne.
Cloisonnement entre ministères
Un autre aspect du problème est relié aux «silos de politiques» créés par le cloisonnement des responsabilités entre le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration (CIC) et celui des Ressources humaines et du Développement social (RHDSC). Le premier se charge de la sélection et de l'installation des immigrants sans toutefois s'occuper explicitement de leur intégration au marché du travail, tandis que le second administre les programmes portant sur le marché du travail en général, mais n'en a aucun qui vise spécifiquement les immigrants. C'est ainsi qu'aucun ministère n'est mandaté pour s'occuper de leur insertion économique et que cette tâche importante n'a aucun responsable attitré.
Il ne sera pas facile de mettre de l'ordre dans cette situation. Bien qu'aucune solution ne s'impose encore à l'heure actuelle, on constate néanmoins une volonté politique de résoudre le problème. Les deux derniers budgets fédéraux ont annoncé des investissements visant expressément à favoriser l'insertion des immigrants qualifiés au marché du travail. La proposition, faite tout dernièrement, de créer un Bureau de reconnaissance des titres de compétences étrangers, doté d'un budget de 13 millions de dollars sur deux ans, vient s'ajouter à un ensemble déjà confus d'instruments de politique, de mécanismes de financement et de complexités juridictionnelles. Sera-t-il l'outil capable d'aider à clarifier la situation et d'accroître la cohérence entre les mesures en place, ou ne contribuera-t-il au contraire qu'à embrouiller davantage la donne?
Des mesures pour améliorer l'intégration des immigrants
Dans une étude publiée par l'Institut de recherche en politique publique, nous proposons diverses mesures et orientations qui aideraient à améliorer la situation des immigrants qualifiés sur le marché du travail.
D'abord et avant tout, il faut préciser et clarifier le rôle du gouvernement fédéral en ce qui concerne l'emploi des immigrants. Il est l'acteur crucial capable de dissiper la confusion et doit donc jouer un rôle de bailleur de fonds, de coordonnateur et de facilitateur. Ottawa doit participer de façon intégrale aux efforts en vue d'améliorer les services d'évaluation et de formation linguistiques, la sensibilisation des employeurs, l'encadrement, la formation de transition, les prêts étudiants et les programmes de stage rémunérés.
Ensuite, il faudra renforcer les ententes fédérales-provinciales afin de répondre plus efficacement aux besoins des immigrants liés au marché du travail. Il faut en outre reconnaître le rôle que jouent les municipalités et augmenter les capacités et les ressources qu'elles consacrent à la planification et à la prestation des services.
Un guichet unique
Tout aussi importante sera la tâche de clarifier et renforcer le mandat du nouveau Bureau de reconnaissance des titres de compétences étrangers.
En termes plus précis, le Bureau devrait encourager la création de réseaux entre les employeurs et les candidats à l'immigration pendant qu'ils sont encore à l'étranger. Il devrait également mettre en place un service de référence sous forme de guichet unique, ce qui nécessitera que le gouvernement fédéral collabore étroitement avec les provinces et avec les autres parties intéressées à la création d'un centre national de collecte d'informations sur les exigences professionnelles de différents secteurs d'occupation, les programmes et les services.
Enfin, le nouveau Bureau devrait mettre au point des outils pour faciliter la reconnaissance des titres de compétences et des qualifications. Pour cela, il faudra favoriser une participation plus efficace des instances qui ont des responsabilités directes dans ce domaine, depuis les fournisseurs de services d'évaluation et les organismes de réglementation des professions jusqu'aux établissements d'enseignement postsecondaire et aux employeurs.
L'immigration a puissamment contribué à l'enrichissement de la société canadienne dans le passé. Pour que le Canada puisse continuer, aujourd'hui et dans le futur, à profiter des immenses bienfaits qu'elle procure, il faudra que le gouvernement fédéral modifie l'architecture des politiques et des programmes en collaboration avec les provinces, les municipalités, les employeurs et les autres grands acteurs sociaux.
Par Naomi Alboim et Elizabeth McIsaac
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